AGLI UOMINI, ALLE DONNE, AI VECCHI E AI BAMBINI CHE DA STANOTTE, COME MOLTE ALTRE VOLTE NELLA STORIA, È CAPITATA LA DISGRAZIA PROFONDA DI DOVERE DARE UN NUOVO ORDINE AL PROPRIO DOMANI E A CERCARE CON ANSIA CIÒ CHE RIMANE DEL PROPRIO IERI.
“Un califfo un tempo, nella sua ultima ora, al Dio che adorava rivolse questa semplice preghiera: «Ti porto, o unico, re o unico essere illimitato, tutto ciò che non hai nella tua immensità, i difetti, i rimpianti, i mali e l’ignoranza». Ma avrebbe potuto aggiungere anche la speranza”.
Sono i versi con cui Voltaire nel 1756 chiude il Suo Poème sur le désastre de Lisbonne che qui riproduciamo riprendendolo dal II volume della Collection complete des Œuvres de Mr de Voltaire (1764) presente nelle collezioni della Fondazione. Il corsivo, è importante dirlo, non è nostro, ma è originale, di Voltaire. Traduce in quel segno tutto il pessimismo che Voltaire avverte nel momento in cui il terremoto segna la vita di ciascuno.
Un confine che è segnato immediatamente dalla distruzione, dalla perdita di vite umane, di oggetti, a cui ciascuna persona da sempre, in tutte le generazioni, affida la funzione di testimoniare e rappresentare la propria vita passata. E tuttavia, dice Voltaire, non possiamo arrenderci. Dobbiamo andare avanti, ricominciare, certo con sguardo pessimistico, ma non con rassegnazione.
O malheureux mortels! ó terre déplorable!
O de tous les mortels assemblage effroyable!
D’inutiles douleurs éternel entretien!
Philosophes trompés qui criez: “Tout est bien”
Accourez, contemplez ces ruines affreuses
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l’un sur l’autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l’horreur des tourments leurs lamentables jours!
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: “C’est l’effet des éternelles lois
Qui d’un Dieu libre et bon nécessitent le choix”?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes:
“Dieu s’est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes”?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants?
Lisbonne, qui n’est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices?
Lisbonne est abîmée, et l’on danse à Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages:
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
Croyez-moi, quand la terre entrouvre ses abîmes
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes
Partout environnés des cruautés du sort,
Des fureurs des méchants, des pièges de la mort
De tous les éléments éprouvant les atteintes,
Compagnons de nos maux, permettez-nous les plaintes.
C’est l’orgueil, dites-vous, l’orgueil séditieux,
Qui prétend qu’étant mal, nous pouvions être mieux.
Allez interroger les rivages du Tage;
Fouillez dans les débris de ce sanglant ravage;
Demandez aux mourants, dans ce séjour d’effroi
Si c’est l’orgueil qui crie “O ciel, secourez-moi!
O ciel, ayez pitié de l’humaine misère!”
“Tout est bien, dites-vous, et tout est nécessaire.”
Quoi! l’univers entier, sans ce gouffre infernal
Sans engloutir Lisbonne, eút-il été plus mal?
Etes-vous assurés que la cause éternelle
Qui fait tout, qui sait tout, qui créa tout pour elle,
Ne pouvait nous jeter dans ces tristes climats
Sans former des volcans allumés sous nos pas?
Borneriez-vous ainsi la suprême puissance?
Lui défendriez-vous d’exercer sa clémence?
L’éternel artisan n’a-t-il pas dans ses mains
Des moyens infinis tout prêts pour ses desseins?
Je désire humblement, sans offenser mon maître,
Que ce gouffre enflammé de soufre et de salpêtre
Eút allumé ses feux dans le fond des déserts.
Je respecte mon Dieu, mais j’aime l’univers.
Quand l’homme ose gémir d’un fléau si terrible
Il n’est point orgueilleux, hélas! Il est sensible.
Les tristes habitants de ces bords désolés
Dans l’horreur des tourments seraient-ils consolés
Si quelqu’un leur disait: “Tombez, mourez tranquilles;
Pour le bonheur du monde on détruit vos asiles.
D’autres mains vont bâtir vos palais embrasés
D’autres peuples naîtront dans vos murs écrasés;
Le Nord va s’enrichir de vos pertes fatales
Tous vos maux sont un bien dans les lois générales
Dieu vous voit du même oeil que les vils vermisseaux
Dont vous serez la proie au fond de vos tombeaux”?
A des infortunés quel horrible langage!
Cruels, à mes douleurs n’ajoutez point l’outrage.
Non, ne présentez plus à mon coeur agité
Ces immuables lois de la nécessité
Cette chaîne des corps, des esprits, et des mondes.
O rêves des savants! ó chimèr