La Résistance en Morvan
Le Morvan, au coeur de la Bourgogne, a été une zone privilégiée pour l’installation des maquis. Son isolement relatif en a fait une zone refuge pour tous ceux qui cherchaient à fuir la répression et qui voulaient continuer la lutte. Il connaît une Résistance précoce : il accueille dès 1941 des hommes pourchassés pour leurs actes de Résistance. Le 21 novembre 1942, un petit groupe de résistants reçoit le premier parachutage allié. Sur place, des meneurs locaux constituent des embryons de maquis. Si l’hostilité à l’occupant, la lutte antifasciste, l’opposition au régime collaborateur de Vichy et à la répression anti-juive nourrissent les premiers groupes, si le Service du Travail Obligatoire grossit les maquis, c’est l’approche de la Libération et la volonté de recrutement de ses chefs qui expliquent l’essor des groupes de partisans. Les maquis s’organisent, leur nombre augmente et les maquisards affluent grâce aux parachutages d’armes (10 000 maquisards à l’été 1944). S’y côtoient des femmes et des hommes de toutes origines géographiques sociales et politiques. Les maquis libèrent à eux seuls l’essentiel du territoire morvandiau. Mais la guerre a laissé derrière elle un profond traumatisme lié à la barbarie nazie. L’Occupation a fortement marqué la région: arrestations, déportations, exécutions ou incendies de fermes et de villages. Le Morvan compte de nombreux villages-martyrs.
Les aménagements « Résistances en Morvan-Chemins de mémoire »
29 aménagements «Résistances en Morvan-Chemins de mémoire» viennent valoriser les lieux de mémoire de l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale dans le Morvan.
Ce projet est né, il y a une vingtaine d’années lorsque le Parc naturel régional du Morvan a souhaité définir un projet s’inscrivant dans le programme national des «Chemins de mémoire» initié par le Ministère de la Défense. En 2015, en partenariat avec l’association «Morvan terre de Résistances-ARORM», qui gère le Musée de la Résistance en Morvan et les collectivités locales, le Parc du Morvan a ainsi réalisé 21 aménagements paysagers et scénographiques «Résistances en Morvan-Chemins de mémoire» sur des lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale (cimetières, plaques, monuments, stèles…). Huit nouveaux aménagements viennent étendre le périmètre en 2022, portés par la Communauté de communes Morvan Sommets et Grands lacs.
Exemples d’aménagements réalisés, à Saint-Brisson, Marigny-l’Eglise, Ouroux-en-Morvan et Moux-en-Morvan:
Principes des aménagements « Résistances en Morvan-Chemins de mémoire »
Une charte définit les principes des aménagements «Résistances en Morvan-Chemins de mémoire»:
- l’existence d’un lieu de mémoire
- la valorisation du site
- l’aménagement minimum est le pupitre
- l’obligation de respecter la charte graphique et l’aménagement paysager
- des contenus validés scientifiquement et traduits
- du personnel qualifié pour les activités scientifiques
- l’entretien et l’accessibilité du site par les communes
Une valorisation historique et mémorielle
Ces aménagements paysagers et scénographiques offrent une meilleure lisibilité et communication de ces lieux de mémoire, à travers une identité visuelle reconnaissable (figure du maquisard, matériau avec un aspect rouillé, graphisme…).
Chacun de ces aménagements aborde une thématique différente: les alliés, la répression, les maquis, les combats… Le contenu en français et en anglais présente la thématique abordée, les événements commémorés et l’histoire du lieu. Différentes photographies sérigraphiées illustrent le propos. Il ne s’agit pas de circuits de randonnées. Ces aménagements se situent dans des bourgs, des forêts, bords de routes… La scénographie et l’aménagement paysager est propre à chacun, invitant ainsi l’habitant ou le touriste à s’arrêter et à porter son attention sur ces lieux.
Différents outils accompagnent cette découverte de la Résistance en Morvan : le Petit Célestin, guide retraçant l’histoire de ces lieux de mémoire et des maquis ; une table tactile au musée de la Résistance permettant d’interroger ces lieux à partir d’une carte et de se documenter à travers la présentation d’archives ; la carte de ces aménagements depuis le site www.museeresistancemorvan.fr pour préparer son itinéraire.
Ces parcours à l’échelle d’un territoire s’adressent essentiellement à un public adulte, en résidence permanente ou saisonnière dans la région. Au fur et à mesure de ses déplacements, chacune peut être interpellé e par ces structures en métal, invitant à s’arrêter et à découvrir un pan de cette histoire et de cette mémoire.
Une valorisation pédagogique
Cette valorisation de lieux de mémoire s’inscrit dans une offre globale de tourisme de mémoire et d’histoire sur la Résistance en Morvan: le Musée de la Résistance en Morvan, qui permet de comprendre le rôle et l’importance de cette histoire, de la Résistance en milieu rural et des maquis; le Mémorial de Dun-les-Places, centre d’interprétation dédié à l’histoire de ce village-martyr le plus touché de Bourgogne, durant la Seconde Guerre mondiale.
Au delà de la fréquentation touristique, l’ensemble de cette offre permet d’accueillir un grand nombre de scolaires, d’aborder la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement la Résistance en milieu rural. La visite du musée de la Résistance, à travers ses collections de documents, photographies, objets et matériel, permet de saisir de façon concrète l’Occupation et la Résistance et de comprendre l’univers des maquis. Les élèves peuvent ensuite être accompagnés sur un site de maquis, en pleine forêt. Cette petite randonnée rend l’histoire encore plus palpable avec des cabanes reconstituées rappelant et expliquant la vie quotidienne dans le maquis. Le cimetière franco-britannique du maquis Bernard, dans les bois, qui conclut le parcours permet de mesurer le sens de l’engagement et de la répression durant cette période.
L’offre de médiation proposée dans le Morvan s’appuie sur différents sites, le Musée de la Résistance, le Mémorial de Dun-les-Places et les aménagements de lieux de mémoire, à destination de différents publics. Elle permet ainsi d’établir des approches pluridisciplinaires et de réfléchir aux notions de droits humains, de liberté, d’engagement, de tolérance et de solidarité.