Nell’ambito dell’attenzione riservata dalle attività di ricerca della Fondazione Giangiacomo Feltrinelli alle specificità che caratterizzano il mondo giovanile in un contesto di profonde trasformazioni socio-economiche e politiche, con tutte le conseguenze che queste comportano sul piano della rappresentanza e della partecipazione nei suoi due versanti, quello del mondo del lavoro e quello politico, proponiamo l’analisi della sociologa Anne Muxel. Oltre a fornire un’analisi di riferimento sulle tematiche giovanili il contributo introduce il fenomeno “Nuit débout”, che si sta affermando oltralpe in reazione alla legge sul lavoro El Khomri e che, similarmente al movimento spagnolo degli Indignados, potrebbe avere un impatto politico rilevante sul prossimo futuro.
Nos démocraties sont devenues plus réflexives et le rapport que les citoyens nouent au système politique est plus individualisé que dans un passé encore récent. Les allégeances partisanes comme les allégeances sociales se sont relâchées. Les grands récits se sont effacés et ne fournissent plus une carte lisible des systèmes d’appartenances auxquels s’identifier ou se raccrocher. Les logiques de l’expérimentation politique ont pris le pas sur les logiques d’identification et d’affiliation. Les jeunes générations font un apprentissage politique d’un nouveau type réconciliant une exigence sur les valeurs et une demande d’efficacité concrète.
Les repères politiques et les grands clivages idéologiquesportés par les grands partis de gouvernement se sont en partie brouillés et les jeunes identifient les extrêmes comme étant les seules forces politiques à partir desquelles se structure le débat. En dehors de ces extrêmes, les partis sont peu différenciés.
S’ils entretiennent une certaine méfiance à l’égard du personnel et des institutions politiques, les jeunes ne sont pas dépolitisés. Leur activisme est réel et ils font preuve d’une grande réactivité politique. Mais cette capacité de réaction se déporte des organisations politiques traditionnelles vers des formes d’action plus individualisées et plus sporadiques. Leurs mobilisations se font dans le cadre d’une « proximité globalisée », réconciliant le souci du proche et du lointain. Le cadre de la militance et la temporalité de l’engagement en changé. Le modèle en vigueur suppose un questionnement permanent, une vigilance critique et le refus de la légitimité imposée par la hiérarchie ou des dogmes préétablis.
Quels usages de la citoyenneté?
La participation politique s’organise de plus en plus à partir de plusieurs répertoires d’action, combinant la démocratie représentative et la démocratie participative : le vote, l’abstention et la manifestation. La norme civique associée au vote s’est nettement affaiblie. Le vote systématique appartient aux générations plus anciennes, le vote intermittent, du fait notamment d’un usage nettement plus marqué de l’abstention, domine dans les jeunes générations. Mais le rapport des jeunes à la politique n’est pas univoque. Les fractures sociales qui traversent la jeunesse se traduisent par des fractures politiques significatives. La jeunesse étudiante et la jeunesse non scolarisée et peu qualifiée, entrant sur le marché du travail souvent avec difficulté, n’ont pas le même rapport à la politique. La première vote plus à gauche et conteste davantage. La seconde est plus en retrait de toute forme de participation politique, et lorsqu’elle vote peut accorder une proportion significative de ses suffrages à la droite, et surtout à l’extrême droite.
Vitalité politique ou risques pour la démocratie?
Les Indignés, Occupy Wall Street ou encore l’actuelle mobilisation « Nuit Debout », sont révélateurs des transformations de ces nouvelles logiques d’action, mais aussi de leurs limites. Porteur d’une forte contestation du mode actuel de fonctionnement de la démocratie représentative, il exprime une crise profonde de la représentation politique et la défiance citoyenne. En mettant au centre de la scène politique non plus les partis ou les organisations syndicales, mais des micro réseaux constitués de militants associatifs, de membres de collectifs, ou de simples citoyens, ce mouvement interpelle l’ensemble du modèle de la représentation politique. Ce ne sont plus les acteurs traditionnels qui s’affichent mais un ensemble hétérogène qui se fait porte parole d’une multitude de revendications sociales et politiques. Il s’agit là d’une mobilisation d’un nouveau type, qui peut déboucher sur une créativité politique et des formes originales de médiation, en venant renforcer et revivifier le contrat démocratique entre gouvernés et gouvernants. Mais si la méfiance qui s’exprime vis-à-vis des structures actuelles de la médiation politique n’a pas d’autre débouché, la généralisation de ce type de mouvement peut aussi ouvrir la porte à la montée des populismes et de leurs avatars autoritaires. Quelle contrainte cette transformation des usages démocratiques implique-t-elle aux rouages de la représentation politique, soit à la démocratie elle-même ? Nous sommes là au cœur de nouveaux défis démocratiques auxquels les jeunes générations sont directement confrontées.
Anne Muxel
Directrice de recherche au CEVIPOF (CNRS/Sciences Po Paris)